La Maison des Potes au coeur du combat pour le CV anonyme

La Maison des Potes au coeur du combat pour le CV anonyme

DÉCRYPTAGE Le gouvernement enterre ce dispositif jamais appliqué mais maintient les «actions de groupe».



C’en est fini du CV anonyme. Neuf ans après son inscription dans la loi pour l’égalité des chances, cet outil de lutte contre les inégalités à l’embauche a été enterré par le gouvernement, mardi, lors de la présentation du plan de lutte contre les discriminations en entreprise. Et ce sans jamais avoir été appliqué, faute de publication d’un décret.«Efficace» pour les uns, «trop lourd» voire «contre-productif» pour les autres, le CV sans nom et sans genre divise. François Rebsamen lui-même est à la fois favorable à sa généralisation, en tant que «militant» PS (et signataire de la motion A de Cambadélis), et fossoyeur du dispositif, sous sa casquette de ministre du Travail. «Les conditions de recrutement des entreprises se sont diversifiées et il faut en tenir compte pour ne pas obtenir l’effet inverse à celui voulu», botte en touche le ministre.

 

DÉCRYPTAGE Le gouvernement enterre ce dispositif jamais appliqué mais maintient les «actions de groupe».C’en est fini du CV anonyme. Neuf ans après son inscription dans la loi pour l’égalité des chances, cet outil de lutte contre les inégalités à l’embauche a été enterré par le gouvernement, mardi, lors de la présentation du plan de lutte contre les discriminations en entreprise. Et ce sans jamais avoir été appliqué, faute de publication d’un décret.«Efficace» pour les uns, «trop lourd» voire «contre-productif» pour les autres, le CV sans nom et sans genre divise. François Rebsamen lui-même est à la fois favorable à sa généralisation, en tant que «militant» PS (et signataire de la motion A de Cambadélis), et fossoyeur du dispositif, sous sa casquette  de ministre du Travail. «Les conditions de recrutement des entreprises se sont diversifiées et il faut en tenir compte pour ne pas obtenir l’effet inverse à celui voulu», botte en touche le ministre.Pertinence. Il précise que le texte sera abrogé dans le cadre de sa réforme du dialogue social examinée en commission à l’Assemblée. «A moins que les parlementaires socialistes décident de mettre des bâtons dans les roues de Rebsamen», nuance Samuel Thomas, président de la Fédération nationale des maisons des potes (FNMDP), qui milite pour le CV anonyme. «Une mesure efficace, même si elle est insuffisante.»Mais son appel du pied sera-t-il entendu par les élus PS ? Les mêmes qui s’étaient battus à coup d’amendement au Sénat, en 2006, jusqu’à obtenir le vote du CV anonyme. Une victoire au grand dam du gouvernement de droite de l’époque qui s’était contenté de lancer une expérimentation, dont les conclusions, présentées en mars 2011, remettaient en question la pertinence du CV anonyme. Sans convaincre les socialistes qui, un mois plus tard, persistaient en faisant la part belle à la généralisation du dispositif dans leur programme pour la présidentielle de 2012. Mais une fois au pouvoir, rien.Jusqu’à un rappel à l’ordre, à l’été 2014, du Conseil d’Etat. Saisi notamment par la FNMDP, ce dernier a enjoint le gouvernement à publier le décret sous six mois. Mais le gouvernement a préféré mettre en place un groupe de travail, dont les recommandations, remises mardi, vont dans le sens de la suppression du dispositif.«La gauche a offert la victoire au patronat qui s’oppose à chaque mesure qui a un coût», s’emporte Samuel Thomas. Plus que l’aspect financier, c’est le temps nécessaire pour mettre en place «cette démarche ultra-lourde» qui a joué en sa défaveur, estime Sébastien Bompard, de l’association de recruteurs A compétence égale. «Cet outil peut avoir une utilité pédagogique, mais il ne faut pas le rendre contraignant, poursuit-il. La réponse doit surtout passer par la sensibilisation et la formation.»C’est aussi l’option choisie par le gouvernement dans son plan. Ce dernier prévoit notamment des actions de communication, de testing, et propose de mettre en place un «référent égalité des chances» dans les entreprises de plus de 300 salariés.Hostilité. Autre mesure phare : la création d’«actions de groupe» pour lutter contre ces discriminations. Déjà défendue en avril par François Hollande, elle sera intégrée au futur projet de loi «Justice du XXIe siècle». Son but :«Permettre aux victimes de se rassembler pour introduire une action en justice», explique Christiane Taubira, la garde des Sceaux.Mais pour Samuel Thomas, de la FNMDP, sa portée reste limitée, puisque lesORGANISATIONS SYNDICALES seront les seules à pouvoir intervenir en cas de discriminations dans l’emploi les associations , elles, ne pourront agir qu’ au stade du recrutement). Or, «les syndicats sont peuINVESTIS sur ces questions»,note-t-il. Sans surprise, la principale hostilité vient du patronat et de Pierre Gattaz, le patron du Medef, qui compare le dispositif à un «énorme marteau-piqueur» qui va «martyriser lesENTREPRENEURS».Amandine CAILHOL

DÉCRYPTAGE Le gouvernement enterre ce dispositif jamais appliqué mais maintient les «actions de groupe».



C’en est fini du CV anonyme. Neuf ans après son inscription dans la loi pour l’égalité des chances, cet outil de lutte contre les inégalités à l’embauche a été enterré par le gouvernement, mardi, lors de la présentation du plan de lutte contre les discriminations en entreprise. Et ce sans jamais avoir été appliqué, faute de publication d’un décret.«Efficace» pour les uns, «trop lourd» voire «contre-productif» pour les autres, le CV sans nom et sans genre divise. François Rebsamen lui-même est à la fois favorable à sa généralisation, en tant que «militant» PS (et signataire de la motion A de Cambadélis), et fossoyeur du dispositif, sous sa casquette de ministre du Travail. «Les conditions de recrutement des entreprises se sont diversifiées et il faut en tenir compte pour ne pas obtenir l’effet inverse à celui voulu», botte en touche le ministre.

Pertinence. Il précise que le texte sera abrogé dans le cadre de sa réforme du dialogue social examinée en commission à l’Assemblée. «A moins que les parlementaires socialistes décident de mettre des bâtons dans les roues de Rebsamen», nuance Samuel Thomas, président de la Fédération nationale des maisons des potes (FNMDP), qui milite pour le CV anonyme. «Une mesure efficace, même si elle est insuffisante.»
Mais son appel du pied sera-t-il entendu par les élus PS ? Les mêmes qui s’étaient battus à coup d’amendement au Sénat, en 2006, jusqu’à obtenir le vote du CV anonyme. Une victoire au grand dam du gouvernement de droite de l’époque qui s’était contenté de lancer une expérimentation, dont les conclusions, présentées en mars 2011, remettaient en question la pertinence du CV anonyme. Sans convaincre les socialistes qui, un mois plus tard, persistaient en faisant la part belle à la généralisation du dispositif dans leur programme pour la présidentielle de 2012. Mais une fois au pouvoir, rien.
Jusqu’à un rappel à l’ordre, à l’été 2014, du Conseil d’Etat. Saisi notamment par la FNMDP, ce dernier a enjoint le gouvernement à publier le décret sous six mois. Mais le gouvernement a préféré mettre en place un groupe de travail, dont les recommandations, remises mardi, vont dans le sens de la suppression du dispositif.
«La gauche a offert la victoire au patronat qui s’oppose à chaque mesure qui a un coût», s’emporte Samuel Thomas. Plus que l’aspect financier, c’est le temps nécessaire pour mettre en place «cette démarche ultra-lourde» qui a joué en sa défaveur, estime Sébastien Bompard, de l’association de recruteurs A compétence égale. «Cet outil peut avoir une utilité pédagogique, mais il ne faut pas le rendre contraignant, poursuit-il. La réponse doit surtout passer par la sensibilisation et la formation.»
C’est aussi l’option choisie par le gouvernement dans son plan. Ce dernier prévoit notamment des actions de communication, de testing, et propose de mettre en place un «référent égalité des chances» dans les entreprises de plus de 300 salariés.
Hostilité. Autre mesure phare : la création d’«actions de groupe» pour lutter contre ces discriminations. Déjà défendue en avril par François Hollande, elle sera intégrée au futur projet de loi «Justice du XXIe siècle». Son but :«Permettre aux victimes de se rassembler pour introduire une action en justice», explique Christiane Taubira, la garde des Sceaux.
Mais pour Samuel Thomas, de la FNMDP, sa portée reste limitée, puisque lesORGANISATIONS SYNDICALES seront les seules à pouvoir intervenir en cas de discriminations dans l’emploi les associations, elles, ne pourront agir qu’ au stade du recrutement). Or, «les syndicats sont peuINVESTIS sur ces questions»,note-t-il. Sans surprise, la principale hostilité vient du patronat et de Pierre Gattaz, le patron du Medef, qui compare le dispositif à un «énorme marteau-piqueur» qui va «martyriser lesENTREPRENEURS».

 


Amandine CAILHO