Organiser un testing
La première vertu du testing est d’établir de manière flagrante qu’un employeur, un bailleur ou un videur opère un tri en fonction de l’origine de la personne ou même en fonction de son sexe, de son âge ou de son apparence.
La preuve ainsi recueillie peut permettre de faire condamner l’infraction mais elle sert aussi aux observatoires, aux scientifiques de mesurer l’ampleur des discriminations. De grandes entreprises comme Casino ont ainsi eu l’audace de procédé à un autotesting scientifique.
C’est par ce procédé que le Bureau International du Travail ou le centre d’analyse stratégique ont épinglé pour des taux record de discrimination, des secteurs d’activité comme le milieu du bâtiment ou celui de l’Hôtellerie restauration dans lesquels le « Taux de diversité » est pourtant à son paroxysme. Le testing est alors devenu le meilleur remède contre le leurre de la statistique ethnique. Il permet de démasquer les manipulateurs qui se servent de la diversité comme d’un alibi pour se protéger de l’accusation de discrimination. En renouvelant de façon régulière ces grandes opérations de testing scientifique nous disposerions d’un véritable baromètre des discriminations.
Aujourd’hui, après de 10 ans de testing de SOS Racisme, il est grand temps de démocratiser et de généraliser ce procédé. La Fédération Nationale des Maisons des Potes, à travers Pote à Pote, apportera son aide et son expertise à tous pour atteindre cet objectif. Les citoyens, les associations doivent se l’approprier pour pouvoir l’utiliser au moment opportun. Les grandes entreprises doivent elles aussi s’en servir pour s’auto évaluer. La puissance publique surtout doit reprendre à son compte cet outil en mobilisant les agents des « Pôles Emplois », ceux des missions locales, les employés des collectivités locales mais aussi les élus, les policiers, les procureurs, …
Tous ensemble nous pouvons faire du testing une véritable arme de destruction massive contre les discriminations. C’est un défi que nous devons relever pour que la discrimination cesse d’être un simple sujet d’étude pour devenir l’objet d’un véritable combat républicain.
Méthodologie du testing au logement
Rechercher les agences immobilières à tester. Le plus simple est d’imprimer une liste sur des sites de location en ligne ou d’acheter les journaux comme Particulier à Particulier. Le testing peut concerner des appartements situés dans des quartiers plutôt côtés (style centre ville) ou bien viser des biens de particuliers soupçonnés d’avoir un comportement discriminatoire. Dès que vous avez trouvé les agences à tester, il faut aller voir les petites annonces en vitrine, pour savoir quels types de logements sont disponibles.
Les deux testeurs qui se présentent séparément à l’agence et à des intervalles proches doivent prétendre impérativement avoir des revenus plus ou moins similaires, une stabilité de l’emploi similaire et être du même sexe.
Chercher des témoins de moralité si possible de notoriété locale (prof, élus, médecin ou journaliste…).
Enfin, bien évidemment, il ne faut pas oublier d’enregistrer les échanges par le biais d’un dictaphone ou d’un téléphone performant enregistreur.
Dans les meilleures conditions, être doté d’une caméra cachée.
La préparation du testing
Appelez quelques copains et copines pour le testing (il est préférable que ce soit des personnes avec qui vous avez des affinités de manière à ce que l’opération paraisse naturelle). Deux couples « typé européen » et deux couples « typé maghrébin, africain, antillais… ».
A vous de voir en fonction du public de la boîte à tester.
Appelez 2 personnes qui feront office de témoins de la scène du testing (de préférence un témoin de moralité tel un élu, un journaliste…)
Vous devez être correctement habillés en fonction de la soirée. (Soirée Hip-hop donc tenue style Hip-hop).
Les deux groupes de testeurs doivent avoir le même style vestimentaire.
Vous devez vous munir de vos pièces d’identité.
Chaque groupe de testeurs devra être muni d’un dictaphone lequel sera en mesure d’enregistrer les propos tenus par les videurs ou physionomistes. Le dictaphone devant être porté par le testeur le plus proche du portier.
Attention : Avant de partir prenez des photos des groupes, lesquelles pourront attester par la suite que vous étiez tous bien habillés.
Faîtes également la photocopie de votre pièce d’identité et munissez vous d’une attestation de témoignage à compléter.
Le testing proprement dit
Le premier groupe de testeurs est celui « typé maghrébin, africain, antillais… ».
Il doit se placer dans la file d’attente. Le dictaphone doit être en marche dans la poche de veste ou de chemise de l’un des testeurs.
Si ce groupe réussit à entrer dans la boîte, le testing n’est pas constitutif d’une preuve de discrimination.
S’il lui est, par contre opposé un refus, il est essentiel que les testeurs de ce groupe mémorisent très exactement le motif de leur refus.
Le deuxième groupe de testeurs « typé européen » doit entrer dans la file d’attente 5 minutes environ après que le premier groupe soit revenu. Les deux groupes doivent faire semblant de ne pas se connaître. Le dictaphone doit être dans la poche de l’un des testeurs.
Conseils : Les testeurs dans la file d’attente doivent bien se tenir (ex : pas uriner devant la boîte), et discuter entre potes, car le moindre écart de la part des testeurs peut servir de contre argument à la discrimination lors du procès. (ex : « Ils ne sont pas rentrés parce qu’ils sentaient l’alcool et l’un d’entre eux à uriner devant la boîte. »
Pendant toute la durée du testing, les deux témoins devront être non loin de l’entrée de la boîte, en face ou à côté de la file d’attente.
Après le testing
Les témoins doivent mettre leur témoignage par écrit avec le plus de détails possible. Ils devront notamment préciser :
- L’heure de présentation des deux groupes de testeurs devant la boîte.
- Le style vestimentaire des autres personnes devant la boîte
- Le style de musique dans la boîte
- Le nombre de physionomistes devant la boîte et leur description physique
- Les propos énoncés par les portiers (« ça ne va pas être possible, c’est une soirée privée, vous n’êtes pas des habitués, c’est complet….. »).
- A quel niveau et dans quelle rue étaient les témoins.
Préciser s’il y a beaucoup de personnes qui se sont fait recaler et mentionner leur style.
Les enregistrements en poche, rendez vous tous au commissariat le plus proche (ou à la gendarmerie) et portez plainte pour discrimination raciale.
Comment savoir s’il y a eu discrimination ?
Afin d’apprécier s’il y a eu discrimination ou pas, il s’agira de mettre en évidence la différence de traitement opérée entre les groupes de testeurs pourtant placés dans les mêmes conditions.
Exemple : On a dit au groupe de testeurs « typé maghrébin, africain, antillais… » que « ce soir, c’est réservé aux habitués ! » or, le groupe de testeurs « typé européen » qui vient pour la première fois dans cet établissement a été admis sans difficulté.
Important : le fait que le comportement discriminatoire soit isolé n’a aucune incidence sur la constitution de l’infraction elle-même.
Si vous aussi, vous voulez organiser un testing, consultez le Pote à Pote n° 124 qui explique toute les procédures en cliquant sur le lien ci-dessous.
Vous voulez mettre en place un testing, pour des conseils et des renseignements, n'hésitez pas à contacterla Fédération Nationale des Maisons des Potes à Paris :